Les crises de colère et l’opposition chez l’enfant de 2 ans : comprendre pour mieux accompagner

Les crises de colère et l’opposition sont des phénomènes courants chez les enfants de deux ans. Bien que ces comportements soient impressionnants et puissent être difficiles pour les parents, il s’agit d’une phase normale et importante dans le développement de l’enfant. Dans cet article nous examinerons les signes caractéristiques de cette phase, appelée aussi « terrible two », les raisons pour lesquelles les enfants de deux ans font des crises de colère et s’opposent, les risques de cette phase pour les parents et les enfants ainsi que comment gérer ces comportements.

crise des 2 ans ou crise d'opposition

Quels sont les signes indiquant que votre enfant est en phase d’opposition ?

Cette phase particulière se caractérise par une forte opposition aux demandes et propositions des parents, se manifestant soit par des cris soit par le mot « non ». En réalité, les premiers signes de cette crise des deux ans peuvent débuter bien avant, parfois dès l’âge de un an, même si elle atteint son paroxysme à deux ans, et peut durer jusqu’à trois ou quatre ans. À un an, l’enfant n’a pas encore la capacité de dire non. Dès qu’il sera en mesure de le faire, ce sera son mot préféré.

Il peut être étonnant de constater que l’enfant peut s’opposer  même à quelque chose qui pourrait lui plaire.

Une autre particularité de cette phase est le changement rapide de son humeur, passant de la joie à la colère en un clin d’œil puis revenir à la joie, sans que les parents puissent toujours en comprendre les raisons.

Les enfants de cet âge peuvent également alterner entre des mouvements d’indépendance, où ils veulent explorer leur environnement en toute liberté, et des mouvements de retour vers leurs parents pour se sécuriser, cherchant le contact et à être câliner avant de repartir.

petite fille de deux ans qui boude et fait une crise d'opposition

Quelles sont les fonctions de la phase d’opposition ?

La phase d’opposition est une étape très importante dans le développement de l’enfant. Tout d’abord, elle permet à l’enfant de se différencier de ses parents, en particulier de sa mère avec qui la relation était très proche au cours des premiers mois. Les mères peuvent être surprises de constater que les crises sont souvent les plus fortes et les plus fréquentes en leur présence. La psychologie a démontré que le lien très fort qui unit la mère et son enfant va devoir évoluer pour que la différenciation entre eux puisse se faire, et l’enfant va de lui-même amorcer ce mouvement indispensable à son bon développement psychique.

En effet, pour devenir un adulte équilibré, il va devoir exister par lui même. En s’opposant fortement à sa mère, par exemple en refusant de manger, il cherche à sortir de son désir pour trouver le sien propre. A chaque fois que l’enfant refuse d’obtempérer, ce n’est pas pour embêter gratuitement ses parents, mais pour exister en tant que personne, dans un processus d’individuation.

Cette phase permet également à l’enfant de s’affirmer et de découvrir sa capacité à agir sur son environnement. Il est passé de sa première année, où il était totalement dépendant physiquement des personnes qui l’entouraient, à la découverte qu’il peut se déplacer par lui-même et contrôler ce qui l’entoure. C’est donc une période très passionnante pour l’enfant qui découvre de nouvelles capacités.

Pourquoi les enfants crient-ils ?

Les enfants de 2 ans ont tendance à crier, voire hurler pour exprimer leur mécontentement et leur frustration, ce qui peut être difficile  à supporter pour certains parents.

Cependant, à cet âge, bien qu’ils aient l’air plus grands, les enfants n’ont pas encore un accès complet au langage et ne sont pas conscients de leurs émotions. Ils ne peuvent donc pas communiquer leurs sentiments avec des mots et la seule solution est de crier. De plus, en raison de l’immaturité de leur cerveau, ils ne peuvent pas inhiber ou contrôler leurs émotions qui doivent s’exprimer de manière intense. Ces compétences se développeront progressivement au cours des prochaines années, généralement vers 6-7 ans , lorsque l’enfant entrera dans une période plus calme appelée l’âge de raison.

Pourquoi cette phase est-elle difficile pour les parents ? L’attitude opposante de l’enfant peut être difficile pour les parents, en particulier pour ceux qui ont un besoin de contrôle ou qui ont intégré un modèle autoritaire. Ils peuvent difficilement tolérer que leur enfant leur échappe et affirme ses propres désirs. Ces parents auront tendance à s’opposer fortement à leur tour vis-à-vis de leur enfant, et un jeu de pouvoir peut s’installer, pouvant aller jusqu’à la violence. Or l’enfant ne peut pas s’arrêter de lui-même. C’est à l’adulte de se contrôler.

Cette phase peut également être difficile pour des parents qui interprètent l’opposition de leur enfant comme un signe qu’il ne les aime plus, réveillant probablement une blessure personnelle. Ces parents auront alors tendance à tout faire pour éviter les crises de colère de leur enfant en ne lui posant aucune limite, en évitant à tout prix de le frustrer.

enfant en larme et qui crie

Quels sont les risques de la phase d’opposition pour les parents ?

L’épuisement parental est l’un des risques associés à cette phase. Les conflits et les crises de colère répétitives de l’enfant peuvent entrainer un stress émotionnel et physique important pour les parents. Les tensions au sein du couple (*) peuvent augmenter en raison des divergences d’opinions sur la manière de gérer les comportements de l’enfant.

La baisse de moral des parents est un autre risque potentiel. Ils peuvent se sentir dépassés et en échec, ce qui peut avoir un impact sur leur propre estime de soi. Ils peuvent même se considérer comme de mauvais parents, ce qui peut aggraver leur stress et leur anxiété.

L’ambiance désagréable et tendue au quotidien peut faire perdre le contrôle des parents et entrainer des comportements et des paroles agressives envers leur enfant. Cette violence éducative aura des conséquences à long terme pour l’enfant.

Tous ces facteurs augmentent le risque que les parents se séparent au moment même où ils ont besoin de se soutenir mutuellement.

parents épuisés par les crises de leurs enfants

Quels sont les risques de la phase d’opposition pour l’enfant ?

Lorsque les parents sont trop autoritaires, l’enfant peut adopter une posture de soumission qui peut devenir un mode relationnel plus tard. Il risque alors de se soumettre facilement aux autres, au détriment de sa propre personnalité. Il pourrait développer des difficultés à exprimer ce qu’il ressent et ses désirs, à communiquer, entrainant une faible confiance en lui. Se respecter et se défendre pourrait également être difficile.

D’un autre côté, si les parents sont trop laxistes, l’enfant risque de développer une perception très égocentrée du monde et de ne pas tolérer les frustrations. Il risque de ne pas apprendre à gérer ses émotions, et la colère peut rester un mode de communication pour obtenir ce qu’il veut au lieu de développer les capacités de communication nécessaires pour la vie en société.

Ces deux modèles représentent des extrêmes, et les parents oscillent parfois entre les deux ne sachant pas toujours comment réagir.

Voici quelques astuces pour limiter les crises d’opposition de votre enfant

La manière dont vous allez vous y prendre durant cette phase jouera sur la durée des difficultés. Alors voici quelques informations à connaitre et quelques astuces :

Tout d’abord, il est important de savoir que les enfants apprennent par imitation, en particulier,  ils imitent leurs parents. Par conséquent, il est indispensable que les parents incarnent le comportement qu’ils attendent de leur enfant.

N’attendez pas de vos enfants qu’ils aient une attitude que vous ne pouvez pas avoir. Par exemple, si vous lui hurlez dessus d’arrêter de crier, cela n’aura pas de sens pour lui.

Donc, la première chose à éviter est de lui dire non en permanence. Avez-vous remarqué combien de fois vous prononcez ce mot chaque jour depuis qu’il se déplace, que ce soit à 4 pattes ou debout ? Il est donc normal que votre enfant utilise ce mot à tout va. Il est donc souhaitable de lui proposer des temps et des espaces réguliers où il est à la fois en sécurité et libre d’agir. Vous éviterez ainsi d’intervenir et de lui poser de multiples interdits.

Pour éviter les conflits, distraire votre enfant en lui parlant d’autres choses ou en lui montrant des choses intéressantes peut aider.

Une autre façon d’éviter les crises consiste à l’emmener le moins souvent possible faire les courses avec vous, car les grandes surfaces sont remplies d’objets qui peuvent susciter sa frustration.

Assurez-vous de gérer votre propre épuisement, causé par le travail ou d’autres facteurs, car cela peut affecter votre patience avec votre enfant. En tant qu’adulte, vous avez la responsabilité de savoir vous contrôler et de vous donner les moyens nécessaires pour que les choses se passent bien. Si, quand vous rentrez du travail, vous êtes stressé(e), nerveu(se), n’attendez pas que votre enfant soit détendu. C’est à vous de tout faire pour être calme afin de l’aider à s’apaiser après une longue journée en crèche ou à l’école.

Les enfants de cet âge ont beaucoup d’énergie qu’ils ne peuvent pas encore canaliser. Autrement dit, ils n’ont pas encore le bouton « stop ». En attendant que cela se mette en place, privilégiez les sorties où votre enfant pourra se dépenser physiquement, si possible dans un lieu où il pourra explorer librement, sans se faire interdire chacun de ses gestes.

Que faire d’autre face à cette crise des deux ans ou « terrible two » ?

Certains parents, face à l’ampleur de la situation, consultent un psychologue en pensant que leur enfant a un problème. Toutefois, la plupart du temps, ce sont les parents eux-mêmes qui ont besoin de soutien pendant cette période difficile. Il est en réalité essentiel qu’ils reçoivent des informations concrètes pour comprendre les causes des comportements de leur enfant, ainsi que des outils pratiques pour trouver une position saine et constructive pour leur enfant.

C’est pourquoi je vous propose mon programme « Vivre sereinement la phase d’opposition de mon enfant », qui comprend quatre heures de vidéos présentant des conseils concrets pour traverser cette période avec le moins de conflits et de crises possible. Ce programme peut être commencé vers les huit mois de l’enfant afin d’anticiper cette phase.

 

En fin de compte, il est important de se rappeler que la phase d’opposition chez l’enfant est une étape normale de son développement. Cependant, elle reste, pour une majorité de parents, une période difficile. Les parents ont un rôle majeur à jouer au cours de cette période. De leurs attitudes dépendra le bon déroulement de cette étape capitale dans le développement de l’enfant. En anticipant et allant chercher du soutien, ils peuvent garantir à toute la famille que ces années de la petite enfance se déroulent paisiblement.

Partager ...

A découvrir également ...

Sommaire

Vivre sereinement la phase d’opposition de votre enfant

un programme vidéopour aider les parents à gérer la phase d’opposition de leur enfant (18 mois – 2 ans).