Devenir parent : comment éviter le baby-clash ?

éviter le baby clash

La maternité, considérée comme un « évènement heureux », est très souvent idéalisée. Bien que cela puisse être une période excitante et joyeuse, les parents découvrent, parfois dès la grossesse, que des tensions surgissent entre eux, voire de fortes disputes qui n’existaient pas auparavant.

20 à 25 % des couples se séparent au cours des premiers mois suivants la naissance de leur enfant. L’arrivée d’un bébé a été pour certains couples le déclencheur de la rupture, pour d’autres les difficultés sont apparues dès la grossesse. Ce phénomène, appelé Baby-clash, tendrait à augmenter. Loin de vouloir effrayer les couples qui attendent un bébé ou qui envisagent d’en avoir un, il est cependant important de s’y préparer. Dans cet article, nous examinerons les causes de ces conflits pendant la grossesse, le post-partum et le temps du congé maternité, ainsi que les conséquences et les solutions pour les éviter et les résoudre.

éviter le baby clash

Les tensions dans le couple

Quelles sont les causes des tensions dans le couple ?

Ne prenez pas peur en voyant la liste des causes qui peuvent engendrer des conflits dans le couple. Bien entendu, il n’y a pas que des problèmes, il y a également des moments heureux, mais pour les besoins de l’article, je me concentre sur les difficultés.  Selon la personnalité et l’histoire des parents, les vécus peuvent varier d’un couple à l’autre. Voici les grandes lignes.

Pendant la grossesse

Parfois, dès la 6ème semaine de grossesse, la future mère peut être sujette à des nausées et des vomissements, avoir des dégouts alimentaires importants, ainsi qu’une très grande fatigue. Le conjoint, s’il n’a pas été averti de ces symptômes, peut trouver difficile de voir sa partenaire faible, moins active que d’habitude, bouleversée et pleurant facilement, des comportements qui ne faisaient pas partie de ses habitudes avant d’être enceinte. Il peut alors avoir des doutes quant à la faisabilité  du projet de devenir parent si les choses se passent mal dès le début. Il peut également ressentir une grande inquiétude  pour sa compagne et être angoissé pour la suite.

hypersensibilité et nausées pendant la grossesse

La grossesse engendre chez la future maman une hypersensibilité  qui la rend plus vulnérable psychologiquement. Elle peut être anxieuse et avoir  besoin d’être davantage rassurée affectivement par son conjoint. Elle peut également douter d’elle-même, de son apparence, manifester de la jalousie envers lui et réagir émotionnellement  de manière plus intense. Tous ces changements peuvent être déroutants pour le futur père qui peut ne pas comprendre pourquoi sa conjointe a tant changé. Selon sa personnalité il peut soit chercher à mieux la comprendre et tenter de la rassurer soit réagir en se montrant distant ou en lui faisant des reproches.

De son côté, la future mère peut lui en vouloir et douter de son couple si elle ne ressent pas de l’empathie de sa part.  Cependant, cette hypersensibilité est un phénomène normal dû à l’afflux d’hormones qui  permettent le bon déroulement de la grossesse. D’énormes changements se produisent dans le corps et le cerveau de la future mère dès les premières semaines de la grossesse, et peuvent durer jusqu’à deux ans après la naissance de l’enfant. On sait maintenant que le cortex, la zone du raisonnement et de la mémoire, est moins activé au profit de zones qui concernent les émotions. Cette transformation permet à la mère de se préparer à accueillir son bébé, d’augmenter sa capacité à en prendre soin et à répondre à ses besoins.

En fait, elle se met en phase avec son bébé qui sera également vulnérable et hypersensible.

Les femmes ont des expériences différentes en termes de libido pendant la grossesse. Certaines peuvent avoir un désir sexuel fort, tandis que d’autres peuvent perdre tout intérêt pour les rapports intimes. Dans cette dernière situation, le conjoint peut se sentir physiquement frustré et craindre que leur relation ne sera plus comme avant. Pour certains, cela peut être vécu comme un rejet et engendrer un sentiment d’abandon qui peut être lié à leur histoire personnelle. La capacité à gérer la frustration ainsi que l’intensité des blessures émotionnelles peut avoir un impact sur la relation de couple, pouvant générer des tensions et de la distance dès les premiers stades de la grossesse.

Certaines femmes enceintes, pendant leur congé maternité, peuvent se sentir seules et abandonnées par leur conjoint qui travaille. Elles peuvent ressentir une peur de le perdre, avoir l’impression qu’il ne l’aime plus ou qu’il n’a pas d’intérêt pour leur bébé à venir. Des reproches concernant son manque de disponibilité sont fréquents et peuvent parfois dégénérer en véritables crises. Certains hommes peuvent se sentir impuissants à apaiser leur partenaire dans ces moments-là.

Certains futurs pères vivent une sorte de crise pendant la grossesse de leur conjointe. Leur attitude change d’un coup, se comportant parfois comme des adolescents alors qu’ils étaient d’accord avec le projet de grossesse. Ce phénomène, plutôt tabou, révèle une problématique en lien avec sa propre mère qui le fait fuir de différentes façons, sa conjointe devenant mère.

Crise des pères et bayby-clash

Pendant le post-partum

L’état de la mère après son accouchement dépend en grande partie du déroulement de celui-ci. Si elle a subi une césarienne, une épisiotomie ou si elle est anémiée, elle peut être affaiblie et ressentir de la douleur en rentrant à la maison. Elle ne peut alors pas faire ce qu’elle faisait avant dans la maison. Les tâches quotidiennes devront être effectuées par le conjoint. Si cette habitude n’a pas été prise en amont, il risque d’avoir des difficultés à changer.

En outre, le moral de la mère peut être altéré non seulement par l’expérience de son accouchement et de la prise en charge à la maternité, mais également par divers détails qui peuvent la toucher et la perturber en raison de son hypersensibilité. Dans ces moments-là, elle a besoin d’un soutien maternant.

Cependant, un renversement des rôles peut troubler le père, qui peut se sentir incapable de remplir pleinement ce rôle, ce qui peut fragiliser encore plus la mère. Car, même si la place et le rôle des hommes a évolué, il n’en reste pas moins que pour certains, assumer entièrement cette fonction maternante peut être difficile.

Le père réalise que sa compagne est entièrement centrée sur leur bébé, répondant à tous ses besoins au détriment des siens. Bien qu’il ne l’exprime peut-être pas, cela peut provoquer de la frustration en lui. Si le père a besoin d’être régulièrement  rassuré et reconnu, cela peut renforcer sa blessure initiale et générer des tensions dans le couple.

Pendant le congé de maternité

Une fois que le père a repris le travail, la mère peut se sentir à nouveau seule, comme à la fin de la grossesse. Assumer seule le quotidien avec son bébé peut l’inquiéter, d’autant plus que la fatigue commence à se faire sentir. En effet, les nuits sont hachées, le sommeil du bébé devient compliqué et il a tendance à beaucoup pleurer. Lorsque le père rentre à la maison, elle l’attend souvent avec impatience, espérant un peu de répit. Elle peut fondre en larme d’épuisement, de doute sur ses capacités maternelles. Elle peut aussi être envahie par l’inquiétude concernant son enfant, se demandant pourquoi il dort si peu, pourquoi il pleure autant.

Le conjoint peut se sentir impuissant face à tous les troubles de sa conjointe et à la difficulté d’apaiser ces émotions.

Il doit comprendre que la journée continue, même après son retour à la maison. Sa conjointe, bien qu’elle soit restée à la maison, est épuisée et compte sur lui pour prendre le relais.

Il est à noter que le couple est plus vulnérable pour faire face aux défis de la maternité  s’il s’est formé peu de temps avant la grossesse. En effets, les partenaires n’ont pas eu suffisamment de temps pour établir des bases solides où chacun a appris à bien connaitre tous les aspects de la personnalité de l’autre.

Quelles sont les solutions pour éviter le baby-clash ?

L’importance de discuter des attentes et des projections en couple

Anticipez : Je vous recommande vivement d’échanger en couple, idéalement avant la grossesse, ou dès que possible, pour partager les attentes et les projections de chacun.

C’est un peu comme partir en vacance avec des amis. Avant le départ, chacun a ses idées sur la façon dont les vacances se dérouleront. L’un veut se reposer et rester tranquille, l’autre veut découvrir les aspects culturels et un autre veut faire des activités sportives. Mais une fois sur place, les projections de chacun se heurtent aux projections des autres, créant ainsi des conflits.

Avant de se lancer dans un projet, il est important que chacun se pose la question  : comment j’imagine que les choses vont se passer ?

Cette réflexion permettra de prendre en compte les projections idéales et les projections de peurs, de les reconnaitre et de les comparer avec celles de l’autre. Ensuite, il est essentiel d’échanger pour réaliser que nos projections ne sont pas toujours partagées par l’autre, ou pas de la même manière. Cela peut éviter les malentendus et les conflits futurs.

Dans le cas de la maternité, je vous suggère de faire cet exercice pour chaque période : la grossesse, l’accouchement, le retour à la maison et la période du congé maternité, du congé de paternité puis les mois qui suivent. Car chaque période peut avoir son lot de discordes. Il faudra également tenir compte des contraintes engendrées par la réalité de l’ accouchement et des besoins d’un nourrisson.

L’anticipation des moments perturbants

Je recommande d’anticiper les différents moments qui peuvent être particulièrement perturbants, tel que :

La recherche de soutien extérieur

Il est important de trouver d’autres sources de soutien que le conjoint. Trop souvent, tout repose sur lui, car l’unité familiale est centrée sur le couple. Cependant, depuis la nuit des temps, les femmes ont créé des liens entre elles. Pendant la grossesse ou après l’accouchement, un groupe de femmes est présent pour soutenir, conseiller et prendre soin de la nouvelle mère. Avez-vous des femmes de confiance dans votre entourage avec qui vous pouvez partager ce que vous vivez, qui peuvent vous écouter et vous conseiller ?

Parfois la simple présence d’une personne qui vous comprend parce qu’elle est passée par les mêmes étapes peut vous apaiser. Osez demander à ces personnes de venir vous rendre visite. Pendant toutes les étapes de la maternité, vous prenez soin d’un petit être. Telles des poupées russes, vous devez à votre tour être choyée et dorlotée. Écoutez-vous, pensez à vous tout en incluant votre bébé. Vous n’avez pas à choisir entre vous et votre bébé, vous avez tous les deux besoin d’être chouchoutés.

soutien extérieur

Du côté des pères, discutez avec vos amis ou membres de la famille qui sont pères. Vous constaterez que votre situation n’est pas unique et vous verrez comment chacun a géré la situation.

Le recours à un professionnel spécialisé si nécessaire

Si vous remarquez que les tensions dans votre couple sont très fréquentes, n’hésitez pas à contacter un professionnel spécialisé dans le domaine de la périnatalité. Vous pouvez en parler à votre sage-femme qui sera à votre écoute pour vous conseiller ou vous orienter vers le ou la psychologue de votre maternité par exemple. La PMI de votre secteur peut également vous apporter un soutien.

Quand vous êtes au cœur de la tempête, gardez à l’esprit que cela ne durera pas pour toute la vie. Au fil des mois, bébé grandira et un nouvel équilibre se créera dans le couple. Les choses se rétabliront peu à peu. Acceptez ensemble que vous soyez dans une grande aventure, pleine de découvertes. Vous avez besoin de vous accompagner mutuellement et de vous appuyer sur des aides extérieures pour traverser cette période.

Les tensions et les disputes au sein d’un couple sont fréquentes pendant la grossesse et les premiers mois qui suivent la naissance d’un enfant. Pour éviter la rupture, il est essentiel que le couple se prépare en amont en s’informant au maximum sur les différentes étapes de la maternité, en communiquant et en cherchant du soutien extérieur. Bien que cette période puisse demander des efforts et nécessiter de surmonter des frustrations temporairement, il est important de garder à l’esprit que votre enfant a besoin de vous.

Puisez de la force dans son regard et son sourire pour avancer ensemble.

 

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